« Tout se joue dans l’enfance ». Certains facteurs comme l’éducation, les valeurs reçues… influencent le devenir de la vie d’adulte mais ce sont surtout les liens affectifs des premières années qui définissent les traits de personnalité et les relations d’adultes. Père absent, mère indifférente, carences affectives ou violences, il est parfois difficile de sortir indemne de l’enfance et se confronter à la vie. Pour dépasser ses blessures d’enfant et devenir enfin « adulte », la case pardon est obligatoire.
Voici toutes les bonnes raisons de pardonner à ses parents et les étapes pour le faire.
Avant de pardonner : accuser ses parents
Est-il normal d’accuser et de juger ses parents ? La question est épineuse, mais sa réponse est simple : oui. Il est naturel et légitime de prendre conscience de l’impact d’un parent toxique ou d’un climat de violence familiale sur le devenir d’un adulte. Tout enfant idéalise ses parents quel que soit le vécu familial. Même quand il est maltraité ou rejeté, il culpabilise et se sent responsable et non pas victime. C’est habituellement à l’adolescence qu’il se rebelle et règle ses comptes avant de passer sereinement à l’âge adulte. Mais parfois, le traumatisme est tel que l’on garde des traces indélébiles. Dans ce cas, il est naturel d’exprimer sa colère, pour ensuite pardonner et aller de l’avant.
Que reproche-t-on à ses parents ?
Dans « reproches », il y a « proche » ce qui signifie que l’on se trouve dans une dynamique de réparation. La rancœur et le non-dit peuvent au contraire générer la haine et approfondir le mal-être. En dehors des cas pathologiques de maltraitance physique et psychologique, on reproche souvent un “trop” ou un “trop peu” à ses parents : un déséquilibre dans les émotions, dans le temps consacré, dans l’attention donnée, une éducation trop stricte ou trop permissive, une surprotection ou un abandon… Parfois, ce sont des détails insignifiants : une préférence dans la fratrie, un oubli d’anniversaire, qui deviennent sources d’incompréhension et de grande souffrance. À l’âge adulte, ces blessures de l’enfance ressurgissent sous des formes multiples (difficultés relationnelles, difficultés au travail, difficultés avec ses propres enfants…).
– L’absence : quelle qu’en soit la raison : divorce, disparition ou par désintérêt, l’absence parentale laisse pour traces la crainte d’être abandonné, la peur de s’engager et la possessivité.
– La violence : qu’elle soit psychologique ou physique, peut engendrer un adulte méfiant, qui manque de confiance en lui et dans son entourage.
– L’indifférence : le manque d’affection et d’empathie d’un parent engendre un adulte distant avec son entourage, incapable d’exprimer ses sentiments, ses besoins ou ses émotions par peur de se montrer vulnérable.
– Surprotection ou négligence : les deux situations opposées en apparence font que l’on devient un adulte dépendant, incapable d’être autonome (socialement et psychologiquement).
– Exigence : un parent exigeant et insatisfait crée un stress chez l’enfant et l’adulte plus tard qui le poussera toujours à s’épuiser pour faire plus et mieux sans jamais être satisfait.
Pourquoi est-ce si important de pardonner à ses parents ?
Pardonner à ses parents, c’est :
– Prendre conscience qu’ils sont imparfaits et humains, donc sujets à l’erreur. C’est la définition même de la maturité. Cette étape est importante principalement si on envisage de fonder une famille et permet de ne pas reproduire les mêmes schémas avec son conjoint ni avec ses enfants. On devient vraiment adulte quand on pardonne à ses parents leurs manquements et leur imperfection.
– Se réconcilier avec soi-même, car les parents sont une partie de soi qu’on ne peut en aucun cas enlever, même si on prend des distances.
– Pour trouver un apaisement, car ceux qui pardonnent s’apaisent et se remettent enfin à vivre.
– Pour rompre les cercles vicieux : en réalisant que les attitudes négatives que l’on reproduit sont des réactions à un comportement subi, on peut agir différemment.
– Pardonner, c’est aussi prendre conscience de tout ce qui a été positif et bien, car les parents font des erreurs, mais donnent presque toujours le meilleur d’eux-mêmes à leurs enfants. Ils voulaient bien faire et ont fait ce qu’ils ont pu.
– Pour prendre sa vie en main : ressasser le passé ne fait pas avancer, bien au contraire, on se retrouve à reproduire des schémas qui nous font souffrir. Pardonner permet de transformer la souffrance en un moteur positif qui donne de l’élan pour passer de « la réaction », à « l’action ».
– Pour apprendre de son passé : pardonner permet d’apprendre des erreurs de ses parents et des générations qui les ont précédé, sans pour autant couper avec l’histoire familiale, car il est difficile de « savoir où on va, si on ignore d’où l’en vient ».
– Pour sortir du rôle de victime : exprimer son pardon permet de reprendre le contrôle de la relation et de rompre avec un statut de victime.
Les étapes du pardon
Pour faire ce cheminement personnel, il faut passer par plusieurs étapes.
– D’abord se reconnaître comme victime : cette étape est importante car reconnaître que ses parents sont en faute est difficile. Ceci implique aussi que l’on reconnaisse un sentiment de rancœur et de « haine » envers ses parents. Quand on se reconnaît victime on arrête de se sentir coupable d’en vouloir à ses parents.
– Exprimer sa colère à ses parents. La première étape pour pardonner est de reconnaître la blessure, et de désigner un coupable : le parent. C’est une étape difficile, car certains ne peuvent pas confronter leurs parents.
– Choisir le meilleur moment pour soi : il ne s’agit pas de décréter une date, mais de ressentir un besoin et d’y répondre. L’acte de pardon est efficace et vrai, quand on n’en attend rien ; ni réparation, ni même des excuses.
– Exprimer le pardon et accepter des excuses : ce moment est important pour les deux parties, il annonce la fin du conflit et la réparation à venir.
– Reconstruire un lien sain, équilibré, sans colère, ni souffrance ni non-dit.
Les effets positifs du pardon ne sont pas visibles immédiatement. C’est peu à peu que vous réaliserez que les pensées obsédantes, les émotions négatives et envahissantes ne conditionnent plus vos actions et réactions. Vous ne vivez plus « contre » vos parents, mais « pour » vous-même. Le pardon qui est un acte valorisant remplit le vide émotionnel laissé par la colère. Vous entrez dans une dynamique de reconstruction où votre énergie est réinvestie dans de nouveaux projets et de nouvelles ou meilleures relations.