Présents dans l’eau, dans l’air, dans les cosmétiques, dans les aliments, les médicaments, sur les tissus, et jusque dans les matelas, ce danger est invisible et pourtant il est partout. Nous serions encerclés de perturbateurs endocriniens. Pas un mois ne passe sans que les différentes associations de consommateurs ne lancent des alertes et des listes concernant ces composants néfastes. Le phénomène est d’ampleur mondiale et se trouve depuis les années 90 au cœur des préoccupations sanitaires de l’Europe et de l’OMS. Les scientifiques s’alarment et les études se suivent et mettent toutes en évidence les effets néfastes de ces molécules sur la santé et l’environnement. Mais la recherche permet également de trouver des pistes pour réduire notre exposition à ces substances nocives.
Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien :
Un perturbateur endocrinien est une substance qui modifie le fonctionnement des systèmes hormonaux induisant des perturbations dans l’organisme et pouvant atteindre même la descendance. Ces substances chimiques peuvent être d’origine naturelle ou artificielle et perturbent le système endocrinien par altération de la production et de l’équilibre des hormones ce qui aura des effets négatifs sur la croissance, la reproduction, le sommeil, la peau, la puberté, le développement neuropsychologique, le comportement et le poids. Ils sont incriminés dans plusieurs pathologies : l’obésité, les maladies de la thyroïde, l’asthme, le diabète, l’infertilité, les malformations congénitales… Ils ont également un impact négatif sur l’environnement et la santé animale.
Où trouve-t-on les perturbateurs endocriniens ?
Les perturbateurs endocriniens sont d’origine naturelle ou industrielle. On les retrouve dans beaucoup d’objets de consommation quotidienne, de bricolage, dans des médicaments ou les produits cosmétiques, dans l’alimentation transformée, les boissons, les produits d’hygiène… Mais ils sont également présents dans l’environnement (eau, air, poussières, les fruits et légumes…). Les associations de consommateurs ne cessent de publier et mettre à jour les listes de produits qui contiennent des concentrations menaçantes de perturbateurs endocriniens afin de les faire retirer et interdire à la consommation. Parabènes, phtalates, bisphénol A, dioxine, furanes, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)… sont parmi les molécules qui perturbent le système hormonal même à petites doses. A ce jour, les réglementations n’interdisent pas ces molécules mais ont défini des concentrations maximales à ne pas dépasser en prenant compte des risques sur la santé des consommateurs.
Même si l’idée est effrayante, il faut être conscient que les perturbateurs endocriniens sont partout et nous poursuivent tout au long de la journée : dans le gel douche, le dentifrice, les crèmes de soins, l’écran solaire, le déodorant, les lingettes…
Voici où se cachent les principaux perturbateurs endocriniens dans chaque pièce de la maison :
– En cuisine : Les composés perfluorés se trouvent dans les revêtements les poêles, les casseroles antiadhésives, sur les nappes imperméables. Les phtalates se trouvent dans les récipients en plastique particulièrement s’ils sont exposés à la chaleur, voilà pourquoi il faut éviter de réchauffer des aliments dans des contenants en plastique au four à micro-ondes. L’eau du robinet contient également des traces d’hormones, de plomb ou du bisphénol A.
– Dans L’alimentation : Les fruits, légumes et céréales sont contaminés par les pesticides. On trouve des perturbateurs endocriniens également dans les différentes conserves et plats préparés, sous forme d’additifs alimentaires et de conservateurs. Vous en trouverez dans les charcuteries sous vide, les soupes déshydratées, les plats préparés, les sauces prêtes à l’emploi…
– Dans la salle de bain : Le phénoxyéthanol un conservateur toxique pour le foie et le sang que l’on trouve dans les crèmes de beauté, les écrans solaires, les démaquillants, les lingettes pour bébé… On y trouve également le triclosan : un conservateur qui perturbe le système hormonal, favorise les malformations fœtales et cause la puberté précoce. Cette molécule se trouve dans les produits ménagers, les gels hydro-alcooliques, des déodorants, les dentifrices, les sacs-poubelles… Les phtalates se trouvent dans plusieurs produits d’hygiène et de cosmétique (shampoings, déodorant, crème de soin)… Les parabènes se trouvent dans 80 % des produits cosmétiques.
Il n’est donc pas exagéré de parler d’un danger invisible car les perturbateurs endocriniens sont présents partout dans de nombreux produits d’utilisation quotidienne.
Comment se protéger contre les perturbateurs endocriniens ?
La prise de conscience des dangers liés aux perturbateurs endocriniens est de plus en plus importante. L’Union Européenne et la France en précurseur interdisent une liste de composés dans les produits destinés aux populations les plus vulnérables (enfants, nourrissons, femmes enceintes…). Le bisphénol A (BPA), le distilbène, les parabènes, les phtalates, les polychlorobiphényles (PCB), les méthylisothiazolinones, les composés poly-bromés et certains pesticides sont déjà rigoureusement interdits dans certains produits destinés à cette catégorie fragile. Ceci n’empêche qu’il faut rester vigilant et suivre ces conseils pour limiter l’exposition à ces composés dérégulateurs de l’organisme. Il s’agit de réduire au maximum l’exposition en adoptant de bonnes habitudes de consommation.
• Ce que vous devez éviter :
– Si vous êtes enceinte, évitez de prendre les antalgiques (paracétamol, aspirine) et les anti-inflammatoires.
– Evitez les cosmétiques, les gels douches parfumés, les produits d’hygiène ou de soin sans rinçage.
– Evitez les déodorants et les laques en spray.
– Pour les bébés : évitez tout produit parfumé. Utilisez eau et savon plutôt que les lingettes ou les laits de change.
– Evitez au maximum les plats préparés riches en conservateurs et la nourriture emballée.
– Les aliments transformés sont une source importante de contamination par les perturbateurs endocriniens, essayez de les éviter au maximum.
– Limitez les chewing-gums avec BHA (E320) ou BHT (E321), et les sodas en canettes en métal.
– Evitez les produits contenants des parabènes, du cyclopentasiloxane, des benzophénones, des parfums synthétiques
– Chez vous, évitez les moquettes, les revêtements en plastique et les bois synthétiques agglomérés.
– Evitez de fumer à l’intérieur de chez vous.
– Pour vos travaux et votre décoration choisissez des matériaux naturels. Evitez les produits contenants des composés perfluorés de formaldéhyde et de benzène.
– Evitez d’utiliser pour vos plantes les engrais chimiques, pesticides, fongicides, herbicides.
• Ce que vous pouvez faire pour limiter votre exposition aux perturbateurs endocriniens :
– Mangez des fruits, des légumes et des céréales issus de la culture biologique.
– Consommez l’eau en bouteille, plutôt que l’eau de robinet.
– Choisissez les produits relevant d’un label sans phtalates ni parabènes (cosmétiques bio et labélisés ECOCERT, Nature & Progrès…).
– Pour vos enfants, préférez des jouets faits en matières naturelles (peluches en tissu, poupées en chiffon, jeux en bois brut sans vernis…).
– Luttez contre la pollution à l’intérieur de la maison, aérez et passez l’aspirateur régulièrement.
– Contre les insectes, privilégiez les solutions naturelles (huiles essentielles, tapette).
– Jardinez sans pesticides autant que possible.
– Lavez les vêtements neufs avant de les porter car ils sont contaminés par les perturbateurs endocriniens (antitaches, retardateurs de flamme, teintures…).
On sait désormais que les perturbateurs endocriniens sont responsables de l’augmentation de certaines pathologies comme les cancers hormonaux, le diabète, les pubertés précoces et de certaines malformations congénitales. Même si on ne peut les éviter totalement, il est primordial de limiter ces polluants invisibles particulièrement dans les périodes de vie où le risque est accru (grossesse et petite enfance).